Cette paisible église enveloppée d’arbres au milieu de la Zionskirchplatz a une architecture distincte, une histoire mouvementée et une actualité toujours aussi animée. Le roi Wilhelm I décida de la construction de la Zionskirche après avoir échappé à un attentat à Baden Baden. Elle fut érigée entre 1866 et 1872.
Pendant la guerre elle est partiellement détruite par les bombes et pillée par les habitants à la recherche de bois pour se chauffer. Le prêtre de l’époque, Dietrich Bonhoeffer, fut un résistant au régime nazi. Il fut arrêté et assassiné dans un camp de concentration en 1945.
La tradition de la résistance perdura jusqu’en 1989. Cette fois-ci c’était contre la RDA que l’on se battait. Grâce au curé Hans Simon, un groupe de résistants utilisaient les caves de l’église pour imprimer et stocker des documents. En 1987 les membres du groupe sont arrêtés mais l’histoire fait grand bruit, notamment en Allemagne de l’Ouest. Suite à des manifestations et pressions diverses, les opposants furent finalement libérés.
La même année un autre évènement fit parler de la Zionskirche. 30 skinhead attaquèrent le public présent dans l’église lors du concert d’un groupe punk. La police postée aux alentours n’intervint pas malgré les appels à l’aide. Lors du procès des protagonistes, la question du fascisme en RDA fut mise en lumière.
L’église a été partiellement rénovée à l’époque RDA mais les matériaux utilisés étaient de faible qualité. Divers dommages dans le toit et au niveau du chauffage ont contribué à la lente dégradation de l’église. Aujourd’hui, si l’extérieur du bâtiment a été refait, l’intérieur demande encore bien des travaux.
La tour haute de 22 mètre offre un point de vue superbe sur Berlin. Il faut juste parvenir à gravir son petit et abrupte escalier de pierres en colimaçon. A éviter si vous êtes claustrophobe. Là haut un euro est demandé pour accéder aux trois plates-formes desquelles on a une vue presque périphérique. Sous les cloches, un homme emmitouflé dans une couverture à la manière de Quasimodo lit à haute voix tout en veillant au grain.
La tour est ouverte tous les dimanche pendant les beaux jours.
L’intérieur de l’église est aussi intéressant à visiter, notamment du fait de son état un peu abandonné : poussière, peinture qui s’effrite, bancs en bois retournés et oratoire en cours de rénovation. Quand j’ai visité la Zionskirche, une jeune femme chantait à la guitare : Jenny Rebecca est une chanteuse d’opéra et depuis octobre 2011 elle écrit chaque jour une chanson qu’elle interprète à la guitare. Son « journal musical » prend la forme de vidéos à découvrir ici. Ce jour-là elle était avec une amie française qui l’aidait à composer une chanson dans la langue de Molière.
Des expositions sont organisées dans les différents espaces de l’église. Outre les services religieux, de nombreuses activités sont proposées pour les enfants et le dernier dimanche du mois un office est proposé en anglais. L’église a aussi un partenariat avec le cinéma voisin Lichtblick qui diffuse des films sur le thème de l’argent : Let’s make money (1.09) et Citizen Kane (15.09). L’objectif c’est justement de récolter de l’argent pour la rénovation de la Zionskirche, une église historiquement symbolique et toujours active.
Zionskirche
Zionskirchplatz, 10119 Berlin
Tour ouverte le dimanche de 12 à 17h par beau temps (1 euro)
Découvrez d’autres lieux secrets et uniques en suivant le parcours Prenzlauer Berg du guide Berlin, l’essentiel et l’insolite.
Merci pour votre article et votre blog !
Juste une petite précision pour vos hashtags, il ne s’agit pas d’une « messe en anglais », mais d’un office en anglais, l’église n’étant pas catholique mais évangélique, comme d’ailleurs la quasi-totalité des églises se situant sur les places publiques à Berlin – cette contrainte architecturale ayant été imposée aux catholiques dans le cadre du Kulturkampf (Bismarck et co) afin de réduire leur visibilité (Straßen- und Hinterhofkirchen). Baladez vous à Berlin, vous verrez ça marche à presque tous les coups. Eglise sur une place = évangélique, église dans la continuité de la rue ou cachée dans une arrière-cour = catholique… L’exception étant bien sûr les églises récentes, parmi lesquelles la cathédrale Ste-Hedwige.
Merci pour ces précisions Antonine !!!