Quand les températures estivales dépassent les 25 degrés, la capitale allemande se vide de ses habitants. Où sont-ils partis ? Au bord des lacs ! La baignade est un véritable art de vivre à Berlin. Pour l’expérimenter, voici ma sélection des meilleurs lacs de Berlin : les plus accessibles, les plus secrets, les plus beaux.
TOP 6 des lacs berlinois
Mon lac préféré : Straussee
Cet été, lors de l’un des rares jours ensoleillés que nous avons eus, j’ai trouvé le meilleur lac berlinois, du moins le lac idéal pour moi. Je l’ai découvert grâce à la carte interactive du Morgenpost qui vous indique les lieux de baignade les plus proches de chez vous.
Il s’agit du Straussee qui s’étend sur 4 kilomètres de long à partir de la petite ville de Strausberg. Ce lac n’est toutefois pas très large et il est même possible de le traverser à la nage.
Son premier avantage c’est sa situation peu éloignée du S-Bahn Strausberg Stadt, l’avant dernière station de la ligne S5. La ligne S5 passe dans le centre de Berlin, notamment par les stations Ostkreuz, Warschauer Str, Ostbahnhof, Alexanderplatz, Friedrichstrasse… Je vous recommande quand même de prendre vos vélos dans le S-Bahn pour rallier rapidement la station de S-Bahn Strausberg Stadt aux bords du lac (sinon c’est 10 bonnes minutes à pied), et surtout pour en faire le tour et y trouver votre spot idéal.
Dernière recommandation en matière de transport, ne descendez pas à la station Strausberg (qui est en fait la banlieue de la ville de Strausberg), mais bien à la station Strausberg Stadt. Il n y a rien à faire à la station Strausberg, à part dépenser de l’argent dans les toilettes publiques dont la porte ne s’ouvre pas, quelle que soit la somme que vous lui donniez.
Enfin arrivés à Strausberg Stadt, nous avons donc enfourché nos vélos, suivi les indications pour accéder au lac et sommes passés par le centre ville pavé, bordé de quelques maisons à colombages. Nous avons ensuite entamé le tour du lac par la gauche, conseillé par une mamie bavarde et dragueuse qui attendait le bac pour traverser le lac.
Difficile de se décider sur la mini plage où étendre nos serviettes. Les plus proches de la ville étaient déjà occupées, puis plusieurs possibilités se sont offertes à nous. Nous avons opté pour une plage privée en contrebas du chemin, mi terreuse mi sableuse, délicatement ombragée. Vêtus de nos maillots de bain, nos doigts de pied goûtent l’eau. Première surprise, c’est du sable fin qui tapisse le sol et non de la vase visqueuse comme c’est souvent le cas dans les lacs berlinois. Deuxième bonne surprise, l’eau est plutôt agréable quand on considère ces dernières semaines froides et pluvieuses. Nous décidons de traverser le lac à la nage. Un peu sportif, mais il n y a pas de courant. Sur l’autre berge, on entend par contre les voitures qui passent sur la grande route située derrière le mur forestier. Nous retournons donc sur notre rive.
Après quelques temps passés au soleil pour se sécher, nous continuons le tour du lac en vélo. Je ne vous conseille pas les extrémités du lac qui sont bordés par la route, préférez les parties centrales qui sont tout à fait paisibles, toujours ponctuées de petites ou de grandes plages. L’eau est tellement transparente que l’on se croirait (presque) aux Caraïbes.
Le seul inconvénient, c’est que ce lac fuit ! En effet cela fait plusieurs années que les riverains remarquent que le niveau de l’eau de ce lac artificiel baisse. Les spécialistes envoyés sur place n’ont pas encore trouvé la cause…
Le lac le plus populaire : Schlachtensee
Cet été je suis enfin allée au lac Schlachtensee. On m’en avait parlé comme étant le plus beau lac de Berlin. Et c’est vrai que ce fut une belle surprise. Il est facilement accessible par le S-Bahn du même nom ce qui ne gâche rien et offre une belle balade. On peut peut faire le tour d’environ 6 km en une heure. L’eau est magnifique et propre. Il y a quelques petites plages naturelles mais souvent bondées. C’est pourquoi je me suis rapidement dit que j’y retournerai en automne. Il m’a semblé que le lac était propice aux promenades romantiques et bucoliques, emmitouflé sous un bonnet et une écharpe.
Niveau activités, il y a un Biergarten nommé Fischerhütte (Cabane des pêcheurs) où l’on peut se restaurer et qui offre un espace de jeux pour les enfants. A l’opposé une petite baraque loue des barques. Les bords du lac sont propices au footing et aux promenades à pied ou en vélo.
Le lac au milieu de la forêt : Jungfernsee
Situé au milieu de la forêt Jungfernheide, il est à deux pas de Charlottenburg. Il a été aménagé par Siemens pour ses employés dans les années 20. Pour s’y rendre, mieux vaut être en voiture ou en vélo.
L’entrée est à 2,50 euros à partir de 17h30 et 4 euros avant. Il y a une plage de sable, un bar où l’on pet aussi se restaurer, des toilettes et des vestiaires. Le lac est joliment entouré de forêt. Il est très agréable de s’y baigner et l’on ne risque pas de se prendre les pieds du voisin dans la figure.
Mon conseil : Venez en fin de journée ! Vous pourrez admirer le coucher du soleil et surtout Boris le plagiste qui ratisse le sable en maillot de bain rouge, façon Alerte à Malibu.
Après toutes ces émotions, pourquoi ne pas aller se balader dans le parc de Jungfernheide ? Il y a une autre plage où l’on n’est pas censé se baigner, une tourelle où l’on vend des Kebabs et surtout plusieurs parcours d’accrobranche. Vous bénéficiez d’une réduction de 50 centimes (sur 13 euros pour une entrée adulte) si vous avez un ticket de la plage.
Le lac des nudistes : Plötzensee
Le lac dispose d’une plage aménagée payante. Mais étant accompagné d’un vrai berlinois, nous avons posé nos serviettes sur la berge opposée, gratuite mais interdite. Le lac est tout en longueur. On peut donc le traverser facilement à la nage et arriver sur la plage payante en toute illégalité. Les barques croisent les familles de canards, les chiens font des longueurs et les nudistes gâchent les photos.
Et oui, les FKK (Frei Korper Kultur = culture du corps libre) sont partout en Allemagne. Les plages ont toujours une partie qui leur est réservée de même que les parcs et les piscines. Ainsi par exemple, le samedi et le dimanche, la piscine de Neukölln est réservée aux nudistes. Et voilà comment l’on fait des économies en habillement !
Lacs accessibles en tramway : Orankesee et Weissensee
Il fait chaud, très chaud, tellement chaud que l’on ne s’imagine pas descendre les escaliers, aller jusqu’à la station de S-Bahn la plus proche, acheter un billet à 2,60 + 1,70 pour le vélo, monter collé serré dans le train, se tenir debout en s’accrochant à la barre suintante tout en surveillant son vélo pour qu’il n’écrase pas des pieds ou des enfants, descendre à une station au milieu de la forêt et monter les escaliers chargé de son vélo car il n’y a pas d’ascenseur, rouler sous le soleil tapant, se perdre, et enfin atteindre un lac qui malgré son inaccessibilité est bondé.
Alors quitte à se baigner dans un lac qui sera de toute façon trop fréquenté, autant en choisir un qui ne nécessite pas un marathon à travers la ville pour l’atteindre. J’ai donc testé les lacs à tram, ceux qui ne sont qu’à une volée de stations.
Le Plötzensee est aussi accessible avec le M13 et le tram 50
Orankesee
Accessible avec le tram 27 dont la station est placée directement à l’entrée du chemin qui mène vers le lac. Mais aussi le M4 dont la station est située à 10 minutes à pied et qui passe par Hackescher Markt et Alexanderplatz. Quant à nous, nous avons utilisé le M13 ce qui était une petite erreur stratégique car il a fallu quand même marcher 20 minutes. Mais la moitié du chemin s’est faite au milieu des jardins ouvriers ce qui est plutôt agréable. A la fin nous avons pris le mauvais sentier et il a fallu sauter par-dessus un grillage, rien d’insurmontable !
Nous avons contourné le lac pour atteindre la plage officielle. Nous nous sommes étonnés que personne ne se baigne en dehors de la zone autorisée mais apparemment la police est stricte ici. Nous l’avons vu à l’œuvre auprès d’un monsieur qui avait les pieds dans l’eau et qui s’est pris un PV. Ou bien avait-il fait quelque chose d’autre de répréhensible ?
L’entrée de la plage est payante, 4,50 € tout de même, mais il faut dire qu’on a tout le confort : cabines pour se changer pudiquement, toilettes avec du papier, imbiss où l’on peut se restaurer à coup de saucisses, frites, glaces et autres friandises… et un imposant dispositif de surveillance. Une cabane plantée au milieu du lac et accessible par un ponton est le fief des maîtres nageurs qui, entre une cigarette et deux baignades rafraîchissantes, surveillent d’un œil morne le toboggan géant sur lequel petits et grands dévalent. Souvent même ils utilisent le haut parleur qui fait sursauter plus d’un nageur. Le problème c’est que le grésillement (ou bien peut être mon manque de compréhension de l’allemand) nous empêche de saisir le sens du message. Espérons qu’il ne s’agisse pas d’une alerte aux ragondins.
Le plage est, malgré la foule, plutôt agréable et propre. On trouve de la place que ce soit sur le sable au soleil ou sur l’herbe à l’ombre. On peut louer des transats et des fauteuils de plage aux rayures marines. Il y a un peu d’algues au bord mais l’eau est propre dès que l’on s’éloigne. Et il y a de l’espace pour entamer des crawls !
Weissensee
Les stations de M4, M13, M12, 27 se trouvent à 2 minutes de Weissensee, lac agréablement ombragé. On y trouve là aussi une plage payante mais il est possible de se baigner tout autour, à condition de ne pas être sensible aux mégots, bouts de verre, pierres et herbe raplapla qui jonchent les bords. C’est le point négatif de l’accès public et gratuit à ce lac.
Mais une fois arrivé dans l’eau c’est le bonheur. Plutôt chaude et propre, on y croise des canards de toute sorte mais aussi, plus dangereux, des cygnes. Sur un coin du lac un jet d’eau puissant vous met au défi de passer sous sa pluie froide de gouttes cinglantes. Le lac est grand, on peut nager jusqu’à épuisement d’un bout à l’autre. Un restaurant avec terrasse au charme RDA vous tend les bras… mais on ne l’a pas testé. On s’est rabattu sur le vendeur de glaces à 80 centimes.
Grunewaldsee : la plage aux chiens
J’ai enfin trouvé la lac idéal pour se baigner à Berlin. Il s’agit du Grunewaldsee. Au milieu de la forêt, l’eau du lac est transparente et le sable accueille les pieds douillets. Seul problème… c’est une plage pour les chiens. Ils s’y baignent, s’y rencontrent, s’y entrelacent, s’y battent et y folâtrent.
En cette exceptionnelle journée de septembre où les températures frôlaient les 30 degrés, nous avions traversé Berlin d’Est en Ouest, suivis l’autoroute des vélos Berlin-Leipzig du parc Gleisdreieck au Naturpark Südgelande, découvert la paisible banlieue de Steglitz et enfin atteint le chateau de chasse de Grunewald (voir aussi notre tour de Berlin en vélo).
Le Jagdschloss Grunewald, plus ancien château prussien de Berlin construit en 1542 au bord du lac, est de taille modeste. On peut entrer dans sa cour qui abrite une scène pour les spectacles d’été, la terrasse d’un café et une sculpture de sanglier dévoré par des chiens de chasse.
C’est là que les chiens arrivent dans notre journée. A partir de ce moment nous en serons entourés. Un chien aboie. Attaché à une grille, il semble abandonné par son maître, peut être en pleine visite du musée de peintures et de chasse créé dans le château ? Jaloux des autres cabots, loyalement accompagnés de leur partenaire à deux jambes, le chien seul pleure bruyamment. Sa plainte lancinante est le fond sonore de notre piètre déjeuner acheté au café du musée. Nous nous rendons compte que nous faisons partie des rares personnes qui n’ont pas de chien. Cette impression se renforce quand nous entreprenons de longer le lac bordé de roseaux et se confirme quand nous arrivons à l’idyllique plage.
Les seuls nageurs ont 4 pattes. Ceux qui en ont deux restent sur le sable, ou vont jouer avec leurs chiens tout habillés. On se demande pourquoi ils ne sont pas en maillot de bain. La réponse à cette question, c’est le cri de souffrance d’une femme aux jambes découvertes. Elle joue au freesbee dans l’eau avec un ami. A chaque lancé, une meute se déplace vers l’un ou l’autre des joueurs pour intercepter l’OVNI. Et parfois les jambes de la femmes font office de parchoc pour les griffes. Mais ça n’a pas l’air de la déranger outre mesure et elle continue à jouer bravement.
Intrigués et émerveillés par le lieu malgré la surpopulation canine, nous étendons notre plaid sur le sable, pour le plus grand bonheur des chiens qui s’y installent avec béatitude. On essaie de les en dégager. Les propriétaires nous envoient leur excuses extatiques mais ne nous aident pas. On abandonne notre couche à la meute et tentons une baignade. Délicieux moment dans l’eau tiède de cette fin d’été, peut être notre dernière brasse de l’année… Nous retournons à notre serviette et profitons du spectacle de la plage. Impossible de s’ennuyer avec toute l’action qui s’y déroule : un petit chien essaie de séduire un grand, trois autres caniches se courent après et font voler du sable sur leur passage, un molosse bondit au-dessus des flots pour chercher le projectile habilement jeté par son maître à l’aide d’un lance-balle, un dalmatien snob a décidé de ne pas se mélanger aux autres et restent ostensiblement en retrait, au grand dam de son propriétaire qui voulait s’amuser.
Si vous craignez les chiens, n’y allez pas, si vous les adorez, précipitez-vous. Si vous n’avez pas d’avis particulier, cette plage vaut le détour. De retour devant mon ordinateur j’ai eu l’explication sur cet étrange lac. La baignade y est interdite depuis 2004 et jusqu’à nouvel ordre l’objectif étant de reconstituer son écosystème. Du coup ce sont les chiens qui ont remplacé les humains. Mais cela ne plaît pas à tout le monde et une bataille politique s’est engagée entre les riverains hostiles à cette invasion canine et les maîtres.