Presque disparu derrière les arbres, bâtiment anonyme au milieu des Plattenbau de Marzahn, on gare sa voiture sur le parking adjacent en lui jetant un regard distrait. La pancarte abîmée à son nom et son étoile sans éclat sont les seuls témoins de l’existence passée de ce cinéma.
Faute de rentabilité, le cinéma Sojus a fermé ses portes en 2007 après une ultime séance durant laquelle le film Pirates des Caraïbes 3 avait été projeté. Sa destruction avait été envisagée mais finalement il a simplement été oublié. Le Sojus Kino a vécu 26 ans et était un vrai cinéma socialiste. Les films y étaient projetés 3 mois après leur sortie officielle en Allemagne mais la place ne coûtait que 1,99 euros et le mardi 0,99 euros !
Malgré sa fermeture récente il est dans un piteux état. Des chaises renversées aux abords du cinéma augurent de la suite. En effet, si l’aspect extérieur est relativement préservé, l’intérieur est totalement détruit. Je fais d’abord le tour du bâtiment et je repère très rapidement une porte entrouverte. Je suis étonnée par la facilité d’accès. C’est certainement ce qui a facilité le vandalisme dans le cinéma. Le seul hypothétique problème est la présence de nombreux passants tout autour du cinéma. Après un coup d’œil jeté aux alentours, je rentre.
J’arrive directement dans la grande salle saccagée. Il fait très sombre et je me rends compte que j’ai oublié de prendre ma lampe de poche. J’avance prudemment le long de l’allée transversale. Quoique on ne puisse plus vraiment distinguer une quelconque allée car tous les fauteuils ont été arrachés. Il en reste quelques uns avachis. Le rideau n’est plus visible.
En haut de la salle j’arrive dans ce qui devait être le hall d’entrée. Il y a des bris de glaces partout. Une petite salle avec des fauteuils verts semble avoir été un peu plus préservée. J’arrive plus facilement à m’imaginer la configuration antérieur. J’emprunte des escaliers. Je garde un pas mesuré car on dirait que même les marches de béton sont sur le point de s’effondrer.
Soudain, au milieu de ma progression, un bruit autre que les crissements du verre sous mes pieds attire mon attention. Y-aurait-il quelqu’un en haut, un sans abri qui aurait élu domicile dans la salle de projection ? Mon rythme cardiaque s’accélère. Je jette un œil dans la pièce…
Une odeur immonde atteint mes narines. Ce n’est pas celle d’un humain qui n’aurait pas pris de douche depuis des semaines mais les relents d’excréments de pigeons qui tapissent le sol et ont recouvert les bobines de toutes les couleurs. Du duvet, des plumes et des gloussements de pigeons complètent ce tableau digne d’un film d’horreur. Je ne m’attarde pas.
Il y avait une troisième salle de projection mais je ne l’ai pas trouvée. Je dois avouer que le spectacle précédent m’a donné la frousse et j’ai envie de ressortir au grand air. Je traverse la salle principale et me dirige vers la lumière de la porte d’entrée. Je sors, ni vue ni connue, juste aperçue par des groupes d’enfants qui jouent tout autour du cinéma.
Voilà une exploration urbaine potentiellement très riche et intéressante mais qui a été gâchée par les vandales.
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